La Prophylaxie Pré-Exposition (PrEP) au VIH est une avancée majeure en prévention, offrant une protection efficace aux personnes à risque grâce à un traitement préventif simple et encadré.
Malgré les nombreuses campagnes de prévention et de sensibilisation à l’infection par le VIH et le remboursement des préservatifs par l’assurance maladie (depuis le 10 décembre 2018), le taux de séroconversion VIH reste élevé en France.
Dans le but de limiter l’utilisation du Traitement d’urgence Post Exposition VIH (TPE ou traitement de dernier recours), il est indispensable d’élargir lesactions de prévention primaire, et notamment de promouvoir la Prophylaxie Pré-Exposition (PrEP) au VIH, chez les personnes à risque élevé de séroconversion.
La population la plus à risque d’exposition au VIH est aussi la plus difficile à cibler à la fois par les campagnes de prévention, mais aussi par les infectiologues.
Le médecin généraliste, ainsi que l’ensemble des professionnels de santé, jouent ici un rôle clé dans l’information et l’orientation des patients les plus à risques.
Face à ces constats, le ministre de la Santé a autorisé, sur recommandation de l’HAS, tous les médecins, notamment les médecins généralistes, à initier la PrEP à compter du 1er juin 2021.
Pourquoi utiliser la PrEP ?
La PrEP s’intègre dans un objectif global de prévention primaire, en parallèle de l’utilisation du préservatif et des stratégies de dépistage.
Elle s’adresse aux patients les plus à risque d’expositions répétées au VIH (patients originaires de pays à forte endémie, multipartenaires, travailleurs du sexe, toxicomanes, antécédents d’utilisations répétées du TPE, etc…), chez qui les moyens classiques de prévention sont souvent peu ou mal utilisés.
En pratique
La première consultation par le médecin généraliste a pour objectifs:
De s’assurer de l’éligibilité de son patient
De s’assurer de l’absence de contre-indication.
De rappeler les mesures de prévention des autres IST :
De rappeler le risque de grossesse non désirée et de proposer un mode de contraception adapté au patient
De mettre à jour les vaccinations: VHB, VHA (pour les HSH), HPV
De choisir, le schéma d’administration en fonction du profil du patient et de ses pratiques.
La PrEP est l’association de 2 antiretroviraux : (connue sous le princeps TRUVADA)
ARRÊT : Poursuivre la prise de 1cp / j pendant les 7 jours suivant le dernier rapport à risque.
AVANTAGES : Facilité d’administration /Risque d’erreur faible dans la prise du traitement.
INCONVÉNIENTS : Les patients doivent anticiper les pratiques à risques car ils ne seront protégés qu’après 7 jours de traitement.
Schéma classique discontinu
Efficacité obtenue dès J7.
ARRÊT : Poursuivre la prise de 1cp / j pendant les 7 jours suivant le dernier rapport à risque.
AVANTAGES : Facilité d’administration /Risque d’erreur faible dans la prise du traitement.
INCONVÉNIENTS : Les patients doivent anticiper les pratiques à risques car ils ne seront protégés qu’après 7 jours de traitement.
Suivi
Un suivi médical rigoureux est indispensable lors d’un traitement par PrEP. Il s’effectue 1 mois après la primo prescription, puis tous les 3 mois. Il permet de s’assurer de la bonne observance du traitement, et de contrôler les connaissances du patient.
Il s’agit également d’un suivi biologique :
Sérologie VIH (Test ELISA de 4e génération).
Surveillance de la fonction rénale et hépatique.
Recherche des autres IST : cliniquement +/- sérologie.
Depuis 2003 : toute découverte de séroconversion VIH doit donner lieu à une déclaration obligatoire, à la fois par le biologiste mais aussi par le médecin prescripteur.
La découverte d’une séroconversion VIH sous PreP doit également être déclarée :
auprès du centre régional de pharmacovigilance de Nancy : crpv@chru-nancy.fr
auprès du centre national de référence du VIH : marie-maure.chaix@aphp.fr
Identification des difficultés liées à la prescription de la PrEP, rencontrées par les médecins généralistes du secteur messin, à l’aide de la technique du groupe nominal : création d’un outil pédagogique adapté à leurs besoins, par Emilie TORIGNY
PrEP ≠TasP : le TasP (Treatment As Prevention) est destiné aux personnes porteuses du VIH afin de rendre la charge virale indétectable dans l’organisme et évite ainsi tout risque de transmission.
PrEP ≠TPE : la PrEP est différente du TPE (Traitement Post Exposition), qui lui est un traitement d’urgence à prendre maximum dans les 48h après la situation à risque, et pendant 28 jours.
Si vous avez vomi moins d’une heure après la prise du comprimé : reprendre le comprimé.
Si vous avez vomi plus d’une heure après la prise du traitement, il n’est pas nécessaire de prendre un nouveau comprimé.
La prise du traitement doit être à heure fixe +/- 2h, c’est à dire que jusqu’à 2h de retard il n’y a aucune conséquence sur l’efficacité.
Si vous prenez la PrEP sans interruption depuis au moins 7 jours, un retard jusqu’à 12h est toléré.
Dans le cas d’un retard plus important, il est fortement recommandé d’utiliser un préservatif. Si un rapport sexuel présentant un risque de contracter le VIH a eu lieu avant ou après l’oubli, il est recommandé de se rendre aux urgences le plus vite possible et au plus tard dans les 48h après le rapport pour bénéficier d’un traitement Post-Exposition.
Le décalage horaire doit être anticipé plusieurs jours avant votre départ, en décalant chaque jour d’une heure ou deux le moment de la prise.
Ainsi, une fois arrivée à votre destination, vous prendrez votre traitement à l’heure habituel.
Exemple : je prends mon comprimé tous les jours à 20 h. Je pars à New York où il y a six heures en moins de décalage horaire. Je souhaite garder l’horaire de 20 h pour mes prises une fois à destination, ce qui correspond à 2 h du matin, heure de Paris. Deux jours avant mon départ, je commence à décaler mes prises : le premier jour à 22 h, le second à minuit et une fois arrivée à destination je pourrai le prendre à 20 h, heure de New York.
Si la période sans prise de traitement est de moins de sept jours, il n’est pas nécessaire de reprendre le schéma du début avec deux comprimés d’un coup : un seul suffit. Bien sûr, il faut toujours attendre au minimum deux heures avant d’être à nouveau protégé́.
En revanche, après une période sans PrEP de sept jours ou plus, il conviendra de reprendre deux comprimés d’un coup lors de la première prise, en attendant toujours 2h avant d’être protégé.